It made my month

Publié le 13/06/2010 à 00:30 par aesthetique

Je ressentais le besoin d'écrire sur cet individu, ni d'Eve, ni d'Adam, hier soir dans la boite de nuit. J'aurais du le remercier, le geste qu'il a fait de venir chercher ma main et de la tenir était merveilleux de grâce. Ca m'a comblé pour un mois au moins.

 

Je me fiche qu'il ne rappelle pas, qu'il ne laisse aucun message. J'ai vécu ce moment, et c'est ce qui compte.

Je rêvais geste pour geste qu'un garçon soulève mes cheveux et embrasse mon cou. Tout s'est passé de la sorte. Et puis il y a eu ce geste inouï qui est venu bouleverser un peu ma vie. Dans la voiture, il a pris ma main et je me suis empressée de l'observer, la toucher, l'aimer. C'était bon qu'un garçon sympathique cherche ma main et la prenne finalement. En plus j'ai senti qu'il la prenait de bon coeur ! ahah ... enfin je l'espère; ce soir ça me fait sourire doucement, ça me fait du bien d'y penser.

Au début j'ai eu peur, quand il m'a embrassé j'ai eu peur. Il a d'abord voulu, il a cherché, je le sentais bien arriver et je redoutais ce moment. Il a senti que j'ai eu peur et m'a dit "n'aies pas peur". Et puis je l'ai laissé seul, j'avais peur encore. Et puis je suis revenue et il était toujours là, il avait le meme enthousiasme à me coller. Et puis nous avons discuté agréablement, nous avons redanser, il m'a appris à danser, et puis il a laissé ses amis partir sans lui afin de rester encore un peu avec moi. Et puis nous avons attendu sur un banc, sous la pluie, dans une voiture. Et c'est là qu'il a tenu ma main.

Personne n'avait tenu ma main depuis très longtemps, depuis trois ans. Une éternité quand on est "jeune". Je suis devenue une jeune vieille.

Au début je ne cherchais pas sa main parce que je pensais qu'il pensait que l'on s'était bien amusé et que ce n'était pas la peine de faire des salamaleks pour une histoire de main à tenir ou non. Et j'étais d'accord, je n'y voyais aucun inconvénient. Franchement, il était jeune, il était beau, apparemment bien né et bien éduqué, moi je suis plus âgée déjà, j'ai de nombreux blocages psychiques et la tristesse se lit dans mon regard, tout cela n'était que du bonus. Une grâce de la vie, un goût de paradis, un morceau de pro - zac qui me permettrait de tenir encore quelques mois avant de sombrer dans une dépression affective.

Je me souviens avoir touché ses bras et ses cheveux, et je crois que j'ai aimé cela beaucoup. J'ai profité de toucher un garçon. Parfois cette idée de moi me répugne et je me trouve bête. Pourtant c'est la stricte réalité, j'ai profité de toucher les épaules et les bras des garçons qui me faisaient danser, comme un instant volé, un bout de gâteau donné à quelqu'un qui n'a le droit d'en manger que tous les 6 mois.

Je me souviens avoir eu peur au début, mais progressivement c'est moi qui redemandait une part de gateau. Mais surtout, surtout, je me souviens de cette main qu'il a prise ; s'il avait seulement su que j'étais seule, isolée et triste à mourir dans ma petite vie. Si je l'avais remercié, il n'aurait pas compris.

J'écris cela car j'aimerais le relire dans quelques années, quand j'espère tout ira bien. Alors je repenserai à tous ces instants qui semblent "de rien" pour n'importe qui et qui ont été "de tout" pour moi.

Tout est question de valeur accordée à un instant T. qui remplit de joie mes semaines et mes mois et qui eux-mêmes, accumulés, font ma vie. Des bribes d'instants bonheur.

Cet étudiant algérien qui m'avait regardé, souri et qui m'avait fait danser dans ce club canadien. Cet avocat du grand ouest qui m'avait relevée de terre en se moquant pas de moi lorsque j'étais tombée en dansant et qui m'avait assurée que tout le monde s'en fichait. Et lui, ce jeune Français qui a eu un des gestes les plus tendres que l'on puisse avoir, donner doucement la main à quelqu'un d'autre.

Certains penseraient que j'en fais bien trop pour une simple main tendue. Pourtant c'est bouleversant quand on ne reçoit que très rarement des gestes d'affection. Je me prends tellement pour une moins que rien que ça m'étonne moi-même, je veux dire, pourquoi moi. Moi et ma sale gueule. Mon nez crochu et mes dents dégueulasses. Moi et mon sourire timide et bimaxillairement décalé. Mon regard creux et triste. Rendu triste au moment de l'instant T, un instant de tristesse sans fond, l'instant où j'ai appris la nouvelle. Alors le regard se vide et se ferme, il attend que la vie passe. Au fond du trou.

Ce soir je pensais à ce garçon et j'espérais qu'il continuerait à ne pas m'appeler. Jamais. Je ne saurais pas quoi lui dire. Je me sentirais mal à l'aise face à lui visiblement, et comme je le sais un peu, bien né, bien éduqué, entouré et aimé de ses nombreux amis, actif, avec des projets, Comment me présenter moi, avec l'histoire de l'acte irréparable, sans trop de famille.

Ma seule issue possible est d'être pleine de vie et d'espoir, et que cela se lise sur mon visage. M'aimer et aimer la vie. Mais comment ? il parait qu'il faut un peu plus d'amour. Comment être capable de plus ? Je suis dans la direction opposée, j'attends le moindre geste de tendresse, je laisse ma gueule de bestiau ouverte pour qu'une miette de fromage tombe dedans et la transformer en festin du vendredi soir.

J'ai prié l'Eternel pour qu'il me vienne en aide, un peu. Car en ce moment, c'est une question de survie psychique. Je manque tellement d'amour que je m'en déchire l'esprit.

J'avais pensé qu'une histoire sans lendemain avec un garçon me suffirait; ce n'est pas faux, le contact humain me contiendrait pour un temps.

Hélas j'ai besoind d'amour, sinon d'affection. J'ai cru que je pouvais faire sans, et c'est vrai qu'il y a des moments où je fais vraiment sans. Et il y en a d'autre où c'est l'abyme, mon esprit croule complètement sous le poids de ce que je considère comme une malédiction.

J'ai du faire beaucoup de mal dans une vie antérieure. J'en est tellement manqué que j'ai banalisé complètement certains manques, certaines absences et des vides que des personnes "normales" considèrent injustes pour elles-mêmes.

Le monde me semble être une abyme extraordinaire. J'ai tellement peur de vivre sur cette terre en manquant à ce point d'amour. C'est l'essence de l'Homme, sans cela, que peut-il faire ? que peut-il entreprendre ? quel est son sens ?

Par pitié, donnez-moi un tout petit peu d'attention d'autrui sur ma personne, j'ai le droit d'exister. Les pleurs ont creusé des sillons sur mon visage, je suis vieille avant l'heure. La peur fige mon regard et me rend distante.

J'oscille entre des moments de grand désespoir et de peine intense et des moments du lucidité qui m'anesthésient de tout sentiment et qui me font agir avec une grande distance et du mépris pour les rares qui veulent bien m'approcher.